HÔ CHI MINH-VILLE, POUR TOUJOURS SAIGON !

Contre toute attente, nous avons réussi à dormir, malgré le bruit et le « chaloupement » de Bul à chaque passage d’un camion (ce qui veut dire, très régulièrement !). A 6h30, je suis réveillée par quelqu’un qui frappe à la porte ! De ma fenêtre, j’aperçois Nhi et son fils sur le scooter. Je me dépêche de descendre et d’aller la rejoindre. Avec un grand sourire, elle me dit bonjour et me tend un sac en plastique. C’est notre repas de midi !!! Elle a même pensé à glisser des petits gâteaux pour Lila ! Je suis abasourdie par tant d’attention et de simplicité ! Qu’il est agréable de pouvoir faire confiance à des inconnus, de partager aussi facilement un instant de complicité, sans arrière-pensées. Quelle leçon d’ouverture et de partage.

Nous nous préparons à affronter la circulation dense de Ho Chi Ninh Ville. En fait, ici, tout le monde continue d’appeler cette ville Saigon. 
Nous avons, je l’avoue, un peu d’appréhension. Durant la route, j’essaie de me renseigner où nous pourrons nous garer à notre arrivée. L’idéal serait d’éviter le centre-ville. Je repère sur le plan le Palais de l’Indépendance, haut lieu du tourisme. Le chemin qui y mène, contourne le cœur de ville, et si nous y trouvons une place de stationnement, nous pourrons tout faire à pied. Nous optons pour cette direction et on croise les doigts.

Nous roulons à présent sur une belle route où les scooters sont interdits. Un petit bonheur et Samuel peut souffler un peu. Nous voyons alors ces petites guérites au milieu de notre chemin… Nous avons droit à notre premier péage vietnamien!

 Alors, comment vous décrire le visage ahuri de la caissière? Elle sort de sa cabine, regarde Bul dans tous les sens, appelle son chef… qui se frotte la tête, examine Bul à son tour… Bref, on se rend bien compte qu’on leur pose en vrai problème. Après discussion, nous sommes considérés comme un véhicule de catégorie 2… on a de la chance car nous aurions pu payer beaucoup plus cher : nous réglons notre droit de passage de 50 000 dongs et entrons enfin dans Saigon.
Le chemin choisi est parfait car il nous évite un maximum les 2 roues et puis, sans le savoir, nous arrivons à la bonne heure : 13h30. Les Vietnamiens sont encore au travail et n’ont donc pas encore envahi les rues ! Nous cherchons, tournons. Nous usons du klaxon de Bul afin de prévenir de nos virages. Nous n'aurons jamais entendu autant de bruit qu'ici! Les conducteurs
klaxonne à tout va et LONGTEMPS! Le son produit et son volume sonore sont personnalités à la voiture ou à son chauffeur!!! Bref, le Vietnam est pour moi, associer à la cacophonie des rues! 
Nous passons devant le palais de l’Indépendance, pas de stationnements (les cars « déchargent » leur lot de touristes devant la grille d’entrée et repartent). Nous commençons à nous interroger et à nous inquiéter. Je repère alors une sorte de parking ouvert, entre deux gros bâtiments. Samuel fait demi-tour, je descends de Bul et vais demander si nous pouvons nous y garer… Le gardien me donne son accord, mais nous devrons être partis pour 17h, car le parking ferme ses portes. Il m’indique un autre parking, à 3 minutes à pied qui pourra peut-être nous recevoir pour cette nuit, ce qui nous rassure un peu. Il est 14h15. Nous payons 20 000 dongs (ce qui est raisonnable, environs 1 euros) au gardien. Nous mangeons rapidement un morceau et marchons pendant 10 minutes jusqu’au Palais.
Profitons de ce laps de temps pour faire un petit rappel historique : Il s’agissait à l’origine d’un petit port de pêche Cambodgien, avant d’être occupé par les Annamites. En 1789 (en pleine révolution français, mais cette information n’était pas encore arrivée jusqu’ici !), l’empereur Gia Long accueillit une mission militaire française, destinée à défendre les forces annamites. Au début du 19ème siècle, Saigon fut promue capitale de la Cochinchine, jusqu’à « l’arrivée » des Français en 1859. La France cherchait à étendre son pouvoir à la Chine (entre autre !) et ainsi contrecarrer la puissance de l’empire des Indes anglophone. Deux ans plus tard, la Cochinchine devint une colonie française et Saigon, sa capitale. Elle comptait alors 10 000 habitants dont 577 Européens. De grands travaux débutèrent et la ville fut construite selon un plan d’urbanisme très précis et se « parisianisa, au point d’être appelée « le petit Paris » ! Après la défaite de Diên Biên Phû et la division du pays entre le Nord et le Sud, la France se retira 95 ans après son arrivée… Et laissa la place aux Américains, venus en 1962, défendre le Sud Vietnam du péril communiste ! Saigon fut la base arrière américaine. La chute de la ville en 1975, rapide et à peine bombardée, marqua la fin de la guerre et le départ des Américains. Le monde entier assista à l’évacuation des derniers Marines par hélicoptères depuis le toit de l’ambassade. Saigon changea de nom pour Ho Chi Minh-Ville. Le pays connu alors un communisme dur et totalement fermé pendant plus de 10 ans. On estime à 1,5 millions le nombre de boat people à fuir le pays. En 1987, le gouvernement commença à assouplir ses lois, afin de booster une économie chancelante. Mais c’est vraiment en 1991, que la ville pris son essor. Elle tente depuis, de rattraper son retour sur Bangkok, dont elle était l’égale du point de vue économique avant la guerre.


Bon, nous voilà maintenant devant les grilles du Palais de l’Indépendance ou de la Réunification!
 Il s’agissait du Palais Présidentiel jusqu’à cette date du 30 avril 1975, où les chars d’assaut de l’armée Nord-Vietnamienne défoncèrent les grilles d’entrée…
Image mondialement connue :

Les communistes rebaptisèrent alors le bâtiment, Palais de l’Indépendance et le classèrent « vestige historique et culturel national » et en firent un musée. Ici, tout a été préservé, à la différence des Khmers Rouges du Cambodge qui détruisaient tout sur leur passage !

A l’intérieur, le temps s’est arrêté en 1975, et certaines photos témoignent de la vie passée.


 Il y avait même une salle de projection !
et son projecteur!
Détails du bâtiments:

Une vue magnifique sur le parc, et sur ses grilles désormais réparées…

Sur l’un des toits, une piste d’atterrissage pour hélicoptère. Sur le sol, deux cercles rouges ont été dessiné, qui représentent les deux seuls impacts d’obus subis par le bâtiment lors de la prise de la ville en 75.


Le bureau du président Thiêu, où l’on peut apercevoir, au fond, les photos de certains grands dirigeants du Monde, comme Kennedy !

Le palais disposait également d’un bunker, et de ses nombreux matériels de transmission.


Modèle du char d’assaut utilisé par l’armée Nord-Vietnamienne, lors de son entrée dans la ville.

Il est 17h et nous achevons notre visite afin de retrouver Bul. Nous sommes impressionnés par l’état de conservation des pièces de ce Palais, ainsi que par son volume ! Nous avons passé tous les trois, un moment dans ces années 70, avec plaisir et curiosité. Quant à Lila, la découverte du bunker l’a beaucoup intéressé.

Nous voilà de nouveau dans Bul à se demander où nous garer. Le gardien du premier parking nous a donné deux lieux possibles… on tente le premier, le plus proche. Le prix demandé est exorbitant et on refuse. On tente le deuxième, qui se trouve juste « derrière ». Il y a de la place, et cette fois, le prix nous convient : 100 000 dongs la nuit et 50 000 la journée. On se rend compte alors, que ce parking fait partie du premier au tarif excessif ! Nous y resterons en tout, 2 jours et demi et 2 nuits, et n’aurons payé « que » 250 000 dongs, soit 12,5 euros environs. Le prix nous semble raisonnable car nous sommes en plein cœur de la cité, dans le quartier chic. 

Nous sommes par contre beaucoup trop penchés, et dormir dans un camping-car incliné n’est pas agréable du tout ! Plus qu’une chose à faire, sortir les cales ! Jusqu’à présent, nous avions réussi à nous en dispenser et par conséquent, jamais testé ! Je glisse les cales de mise à niveau face aux deux roues avant, et Samuel avance doucement afin de faire monter Bul sur ses supports…
Nous avons mis un peu de temps pour trouver le parking et nous installer. Mais cela vaut la peine car nos pouvons tout visiter à pied, ou presque ! Nous voulons assister à la messe dans cette magnifique Cathédrale Notre-Dame, construite en 1880 avec des briques rouges venant de Toulouse, et qui se trouve à 400 mètres ! 
Nous avons 9 minutes de retard exactement ! Mais les portes sont déjà closes et une farouche gardienne en garde l’accès. Elle nous en refuse l’entrée, malgré notre insistance. Je pense alors qu’une fois la célébration commencée, plus personne ne peut entrer afin de ne pas déranger… (seule explication plausible !) Je vois alors une Vietnamienne se faire ouvrir les portes infranchissables ! Je fonce, je rue dans les brancards et soutenue par Samuel, je fais un mini-esclandre ! Elle finit par céder à contrecœur et à nous laisser entrer ! Elle a peur que nous ne soyons là que pour le « tourisme » et non par dévotion… Il est vrai que l’intérieur est beau mais les photos seront prises demain avec la lumière du jour !



Les chants religieux sont différents de ceux du Laos…  Un mélange entre la tradition spirituelle judéo-chrétienne et la musique répétitive du bouddhisme ! A vous d’écouter !


 Il est 18H45, lorsque nous sortons de cette église et traversons la rue. La poste centrale se dresse devant nous, superbe ! Je peux dire qu’il s’agit d’un bel héritage de la colonisation française, et elle ressemble à une gare ferroviaire. Elle a été bâtie entre 1886 et 1891, dont l’immense charpente a été réalisée par Gustave Eiffel ! Il fait trop nuit pour photographier la façade, je le ferai demain matin et comme nous devons passer revoir la Cathédrale, je ferai une pierre deux coups !
photo prise le lendemain matin
 Entre la couleur des murs, la faïence au sol, le mobilier en bois avec ses guichets et ses cabines téléphonique, le lieu conserve l’ambiance de l’époque. Et nous, forcément, le côté rétro nous plaît !!! 

 J’allais oublier ces magnifiques cartes placées en hauteur, de part et d’autre de la poste. A droite, un plan de Saigon et e ses environs datant de 1892. A gauche, un plan de 1936 des lignes télégraphiques entre le Sud-Vietnam et le Cambodge.


Nous avons eu une bonne journée, et nous décidons de rentrer. Sur le chemin du retour, nous nous « perdons » volontairement, afin de découvrir les ruelles des alentours. Nous découvrons alors une rue piétonne (oui, ça existe aussi au Vietnam ! mais il faut les chercher !!!) dédiée aux petits cafés tendances (en France, je pourrai dire Bo-bo) et aux librairies. Nous nous engouffrons avec plaisir et envie dans ces petites échoppes jolies décorées. Lila repère très vite les livres qui lui plaisent, qui sont soit en anglais soit en vietnamien, mais ça n’a plus d’importance pour elle. Elle s’y est faite. Nous acceptons de lui acheter un livre d’histoires en anglais, dont le vocabulaire n’est pas trop compliqué… Idéal pour moi !
 Puisque nous sommes garés à côté des grands magasins (nos Galeries Lafayette version Vietnam !), nous allons y jeter un coup d’œil. Ils ont également décoré des « vitrines » pour attirer le badaud !


Après une bonne nuit de sommeil réparatrice (depuis notre entrée au Vietnam, j’ai l’impression que nous avons été tous les trois piqués par la mouche tsé-tsé ! J’entends même Samuel me dire : « il est déjà 22h, mais il est tard ! », lui qui ne s’endormait pas avant 1h du matin en France !!!), nous sommes prêts a affronter Saigon : casquette sur la tête, lunettes de soleil sur le nez, et crème solaire sur les épaules ! J’ai, quant à moi, voulu me faire une petite beauté ! Est-ce l’effet « Saint Valentin » (nous sommes aujourd’hui le 14 février) ou l’effet coquet et apprêté des femmes de Saigon qui me pousse à me maquiller ? Peu importe, car en tout cas, une touche légère de féminité en plus me fait un bien fou !
Après notre petit détour par a cathédrale et la poste afin de reprendre des photos en journée, nous poursuivons notre chemin vers les bâtiments datant de l’empire colonial. Tiens, un « homme gourmand-ise » !

Nous remontons la rue Dong Khoi, qui a conservé ses boutiques chiques, ses grands hôtels et ses cafés avec terrasse de l’époque des Français. 

Nous assistons à cette cohabitation si impressionnante ici, au Vietnam, entre la tradition.


 Nous voyons très souvent ce genre d’affiches encore présentes dans tout le pays. Elles conserve, pour nous occidentaux, ce petit côté » propagande communiste : travail, famille, patrie !

Les devantures des grands noms du luxe comme Louis Vuitton, Dior…



Puis nous apercevons le Théâtre National, en premier plan, écrasé par la présence de l’hôtel Caravelle à l’architecture très Art Déco.

 Nous grimpons les marches, espérons découvrir un peu l’intérieur, mais ce n’est pas autorisé. Lila et moi sommes attirées par des extraits filmés du spectacle qui se joue actuellement sur la scène du Théâtre National. J’ai alors un souvenir d’enfance qui me vient instantanément : la découverte de la beauté et de la magie d’un opéra, La Flûte Enchantée, à l’Opéra de Vienne (Autriche) avec ma famille. J’étais à peine plus âgée que ma fille. Je demande à mon mari si ça peut lui plaire, puis à Lila… Avec un grand « oui » unanime, je nous offre avec beaucoup de joie nos billets pour la représentation de ce soir. Il y en a une qui piétine déjà d’impatience !

L’hôtel Continental
Je me repère plutôt facilement entre ces rues, grâce, peut-être, au fait d’avoir vécu dans Paris intramuros pendant dix ans. Je guide ma petite famille, au lieu suivant : la Mosquée indienne. Sa présence est surprenante en terre bouddhique, ainsi que sa couleur vert clair. Elle a été construite en 1935 par et pour les musulmans indiens.

Afin de pouvoir découvrir ce lieu de culte, je me fais prêter une tenue à l’entrée. 
Lila s’étonne, me questionne… Et me voilà lancée dans les explications religieuses… Je lui parle de respect du culte d’autrui, mais aussi des différentes croyances des Hommes, et enfin, je conclue par : « Afin que l’homme ne soit pas distrait dans sa prière par la beauté des femmes et n’en tombe amoureux, il a été demandé à la femme de se cacher derrière un voile et un vêtement long… » L’explication lui semble lui convenir, car elle se précipite vers le bassin des ablutions où un homme est en plein rituel de purification. « Et maman, qu’est-ce qu’il fait le monsieur ? » C’est reparti pour un tour d’explications! 

L’Hôtel de ville  



 Nous quittons la mosquée et flânons à travers les rues… On pourrait se croire parfois au Japon !

 Il est midi et nous marchons jusqu’au marché Bén Thành, le plus vieux, le plus animé et le plus grand de la ville. On y trouve de tout !

Mais pour l’heure, nous avons rendez-vous avec une famille voyageant aussi en camping-car et rencontré grâce à internet : Gaël, Céline et leur petit garçon de 3 ans, Jaimy. Ils ont décidé de laisser leur véhicule au Cambodge, et ne restent que 15 jours au Vietnam. Mais coup de chance, nous sommes dans la même ville, le même jour ! Nous déjeunons ensemble, et faisons connaissance durant 3 heures. Les enfants sont ravis de pouvoir jouer ensemble. Nous passons, comme vous vous en doutez, un super moment. Leur voyage et leur envie de trouver LE pays où vivre nous impressionne, tout comme leur maturité et leur débrouillardise ! Cette famille respire le bien-être. Nous leur souhaitons en tout cas de trouver leur petit coin de terre où ils pourront poser leurs valises… et nous, nous aurons le plaisir de, peut-être, leur rendre visite ! 

A bientôt les amis et bonne route ! 

Au marché Bén Thành, j’ai pu trouver la tenue que je cherchais et qui ira très bien pour notre soirée ! 
Nous avons beaucoup marché aujourd’hui et décidons de retourner au camping-car. Nous avons juste le temps de pendre chacun une douche, et de se faire beaux ! 
Les CP en vadrouille sont de sortie ce soir !

L’intérieur du Théâtre National : 

le plafond illuminé
 Le spectacle de ce soir est un mélange de plusieurs disciplines : danse, chant, musique, théâtre. Lila est captivée par ce qu’elle voit, et puisque qu’elle est à l’âge des « pourquoi ? », je suis souvent interrogée ! J’essaie de lui expliquer qu’elle n’a pas besoin de TOUT comprendre mais qu’elle peut simplement apprécier la beauté de ce qu’elle voit… Du haut de ses 5 ans, et contenant une curiosité avide de réponses, elle se laisse progressivement porter par la magie du spectacle. 
Nous sommes heureux d’avoir pu vivre tous ensemble cet instant.
 A la fin du spectacle, la troupe se présente devant le public, composé essentiellement de touristes. Attention aux yeux! Les flash des appareils photos sont en marche!...


La représentation ayant démarré à 18h et duré 1h10, nous prenons le temps de marché 20 minutes pour atteindre le restaurant. Nous suivons le gps de mon téléphone, car il faut suivre une contre-allée digne des films d’espionnage ! 
Nous entrons dans un immeuble et montons les cinq étages. Nous découvrons alors un restaurant perché sur les hauteurs de Saigon ! Formidable. 
Nous n’avons pas réservé… normal, nous sommes arrivés là complètement par hasard ! Mais au bout de 15 minutes, une table se libère sur l’une des terrasses. Nous dînons très bien et apprécions le cadre! J’appelle ça, une soirée réussie !
 Nous rentrons ce soir une fois de plus, heureux et fatigués ! 

Nous partons aujourd'hui de Saigon, après la visite du musée des Vestiges de la guerre. Pour nous y rendre, nous déambulons à travers les rues afin d'apercevoir encore quelques beaux bâtiments! Comme celui-ci:

ou encore le Musée de la ville de Hô Chi Minh-Ville : Nous décidons de ne pas le visiter. On ne peut pas tout faire et on doit penser aussi à Lila. Nous décidons donc de nous réserver pour le musée des Vestiges de la guerre. Nous profitons tout de même pour photographier la façade gris claire de cette bâtisse, l’une des plus belles de l’époque coloniale. Avec ses colonnes et son fronton néogrec, cette demeure a été construite en 1886 par les Français, pour le gouverneur de Cochinchine. Puis elle accueillit entre 1962 et 63, le président Diêm, pendant la rénovation du Palais Présidentielle qui avait été endommagé lors d’une tentative de coup d’état organisé par la CIA.
Nous arrivons enfin devant le musée des Vestiges de la guerre, mais nous devons changer légèrement le programme car il est fermé jusqu’à 13h30. Nous décidons de patienter en allant découvrir la pagode de l’Empereur de Jade, ou connue aussi sous le nom de la pagode des Tortues. Construite en 1909 par les Chinois, elle possède l’intérieur le plus atypique de Saigon. Son style est un mélange de divinités taoïstes et bouddhiques.  Elle est un peu excentrée du centre et décidons de prendre un taxi. Au Vietnam, le tuk-tuk n’existe pas, et il ne reste de l’ancien temps, que le vélo-pousse, de plus en plus rare.







A l’entrée, une femme tient ses registres en calligraphie chinoise. 


Et voilà l’explication du second nom de cette pagode ! Le nombre de tortues est impressionnant et elles sont de toute taille ! 

Il est 14h, lorsque nous nous présentons à l’entrée du musée des Vestiges de la guerre. Nous avons décidé d’y emmener Lila… et tout manière on n’a pas vraiment le choix ! Nous lui avons bien expliqué de quoi il s’agissait et l’avons averti que nous pouvions, à tout moment, lui demander de fermer les yeux ou regarder ailleurs. Le rez-de-chaussée est destiné aux articles de presse de soutien au Vietnam, ainsi qu’au témoignage d’un Vietnamien, médaillé des jeux para-olympique et victime de l’agent orange. Lila redoute tout ce qui touche à la modification corporelle. Elle connait pourtant le handicape puisqu’elle avait une amie dans sa classe de moyenne section de maternelle avec une paralysie des membres inférieurs, mais elle ne s’en souvient plus. Je lui explique le plus simplement du monde et sans dramatiser que l’on peut être « différent » des autres et parvenir à réaliser ses rêves en se battant et en le voulant !
Nous nous trompons ensuite d’étage et allons directement au 3ème… Une chance ! Il y a une salle dédiée aux enfants, à la grande joie de Lila et à notre soulagement. 

Nous entrons dans l’horreur de la guerre. Bien que des articles rendent hommage à certains soldats américains pour avoir sauvés des Vietnamiens ou avoir dit « NON » à leur hiérarchie, le musée fait totalement impasse sur les exactions des soldats Vietnamiens. Il y a, en quelque sorte, les bons d’un côté et les méchants de l’autre… Vision me semble-t-il un peu simpliste.
Mais c’est vrai que les chiffres ne plaident pas en la faveur des Américains, qui se sont acharnés, qui ont commis beaucoup d’atrocités et couverts des crimes de guerre barbares :
-       600 000 tonnes de bombes lancées
-       6,6 million d’ha ont été contaminé par les bombes et leurs explosions
-       9 284 villes polluées par les bombes et leurs explosions
-       42 135 personnes décédées dans l’explosion des bombes
-       62 143 personnes blessées par les bombes
-       En tout, 3 millions de Vietnamiens ont été tuées dont 2 étaient des civils
-       300 000 personnes sont portées disparues
-       Entre 961 et 1971, 80 millions de litres de produits toxiques (dont 61% contenait de l’agent orange) ont été déversés essentiellement dans le sud du Vietnam.
L’agent orange fait encore aujourd’hui des victimes. Les femmes contaminées et enceintes, accouchaient d’enfants lourdement handicapés. Mais les hommes aussi pouvaient transmettre des gènes défayants. Ainsi des soldats américains, de retour au pays, ont eu des enfants victimes de la dioxine. Il semblerait que ce produit puisse se « fixer » sur l’ADN, et être malheureusement transmis de génération en génération. Ainsi, le pays voit naître ENCORE AUJOURD’HUI des bébés atteints de malformations ou de pathologies mentales.

Je n’ai pas pris de photos, certaines affichées ont fait plusieurs fois le tour du monde. Le musée rend d’ailleurs hommage à TOUS les journalistes morts durant cette guerre et de leur incroyable témoignage qu’ils ont laissé derrière eux. J’ai simplement photographié cette image, qui symbolise parfaitement ce qu’a vécu le Vietnam.



Après tout ceci, nous avons besoin de prendre un peu l’air ! Nous allons chercher Lila, qui est toujours en train de s’amuser et allons découvrir les engins de l’armée américaines.  

J’avoue avoir l’impression d’enchaîner les musées des drames humains depuis 2-3 semaines ! Entre le Cambodge et le Vietnam, il y a déjà de quoi faire ! Mais je ne regrette pas d’avoir visiter cet endroit qui m’aura permis de réaliser l’ampleur des drames et les effets dévastateurs de l’agent orange.

Nous regagnons Bul, le redescendons de ces cales de stabilisation, et quittons notre parking !
Nous avons besoin d’un peu de calme après tout ce que nous avons vu ces deniers jours ! Nous réservons une « petite surprise » à Lila.
En quittant la ville, nous avons la sensation d’en avoir bien profiter. Saigon a encore beaucoup de choses à nous faire découvrir, c’est une évidence ! Mais nous ne sommes pas frustrés ! 
J’ai beaucoup aimé cette ville, où je m’y suis sentie très à l’aise… j’étais un peu comme chez moi. Bref, un vrai coup de foudre !

Ma dernière photo : une affiche de propagande pour les 87 ans d’anniversaire du parti se dresse entre deux mondes : le modernisme d’un côté (la femme à la moto) et le traditionnel de l’autre (la femme au chapeau).














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